Manifestations contre le projet de loi El Khomri, mars à juin 2016
Le microcosme des aficionados de la transhumance piétonne s'est réuni à de multiples reprises pour participer à un nouveau volet du vaudeville shakespearien organisé par notre gouvernement intitulé: "La loi travail"... Car il faut le reconnaître, cette gouvernance oscille entre la tragédie shakespearienne avec son lot de trahisons, de mensonges, ou d'égos distendus, et la saison première d'une télénovela indigente marquée entre autres par des escapades présidentielles nocturnes en scooter...
Bref l'immanente trivialité de la condition humaine.
Tout cela serait risible si le destin de millions de personnes n'était pas corrélé à cette volonté empirique de céder au crédo d'une économie strictement libérale, qui refuse au titre de la dette, le bien-être social minimal au simple smicard...
À noter un slogan porté par une jeune femme, que j'apprécie tout particulièrement: " Si on avait voulu se faire baiser par le gouvernement, on aurait élu Johnny Deep ". (On comprend sans peine le trait d'humour, même si le gouvernement n'est pas soumis au suffrage citoyen).
Le glissement sémantique de cette réflexion ironique nous amène à considérer le rapport induit entre politique et spectacle et pourrait servir d'introduction subversive à l'essai de Guy Debord, la Société du spectacle, dont la première phrase postule: "Toute la vie des sociétés dans lesquelles règnent les conditions modernes de production s'annonce comme une immense accumulation de spectacles".
J'allais oublier la participation exceptionnelle d'un groupe d'une dizaine de Socialistes venus manifester le 9 avril. Enfin, je ne suis pas sûr, parce que ceux-là réclamaient pancartes à l'appui, le retrait de la loi travail ! (Peut-être que déprimés et en surdose de tranquillisants ils pensaient manifester contre Sarkosy ?)
Bref, une apparition expiatoire qui n'est pas de nature à infléchir les choix d'un président qui assume une politique libérale, dans l'espoir contraint de lendemains qui chantent. Factotum d'un système archaïque, incarnation narcissique du pouvoir, la "moi-présidence" entérine un engagement dans l'économie libérale comme "seule" modernité possible. Ce renoncement que l'on nomme alors Progrès, masque l'inconsistance d'une gouvernance, la dérive idéologique d'un parti et pour tout dire la lâcheté, l'impuissance et l'incompétence d'une légion d'élus et de ministres, face entre autres, aux promesses d'un début de mandat.
Je sais que c'est particulièrement injuste pour ceux qui essayent vraiment de changer les choses, mais je ferai deux remarques:
Sont-ils si nombreux ? (OK, je sens le vent du populisme souffler dans mes oreilles).
Et d'autre part, qui a dit que le monde était juste ?
Desproges lui-même au sommet de sa gloire en citant l'article premier de la déclaration des droits de l'homme « Tous les Hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits » disait: "Qu’on me pardonne mais c’est une phrase que j’ai beaucoup de mal à dire sans rire"
Cette manière de "faire" de la politique doit cesser. Le mysticisme économique, également...
L'attentisme, la prière et l'incantation ne sont pas les outils d'administration d'un pays. Incapables de dépasser l'horizon de leur propre bien-être, nos énarques, nos dirigeants, invoquent des jours meilleurs pour la nation. Leurs espérances stériles teintées de piété économique sont désormais tout simplement une insulte à l'intelligence.
Que penser de la chasse sempiternelle au point de croissance alors que les ressources de notre planète sont limitées. Je pose une question simple, quel sortilège économique nous permettra de concilier une croissance infinie avec des ressources limitées ...?
Où sont les idées ? Où est la volonté de faire ?
Il y a fort à parier que ce déchirement politique toutes tendances confondues trouvera un exutoire temporaire à l'orée 2017 avec une apogée shakespearienne sur le registre tragique de "il y a quelque chose de pourri au Royaume du Danemark...", et plus tard sur le ton de la comédie dramatique avec "Petits meurtres entre amis..."
The show must go on...
Ou puisqu'il s'agit d'un feuilleton sans fin:"To be continued..."
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